« Le rôle du manager c’est de régler les problèmes, quand tout roule on n’a pas besoin de lui ! »

J’ai entendu plusieurs fois cette phrase, dont 2 fois cette semaine ! Cette vision partielle doit bien contribuer à ce que seulement 10%* des Français souhaitent avoir ce rôle ! La perspective d’éteindre le feu du matin au soir ne donne pas trop envie, sauf si on est pompier, et encore… les pompiers font aussi des stages de sensibilisation et de prévention, auditent et sécurisent en amont, forment les gens à être autonomes pour apporter les premiers secours etc.

Lors de mes premiers pas de manager, je me posais beaucoup de questions sur ce que je devais être, faire, pour être une bonne « manager ». Je pensais que je devais avoir réponse à tout et savoir mieux que toute mon équipe dans toutes les disciplines (non pas de pression😅). Je suis aussi tombée sur « la posture du manager » et j’avais l’impression d’être face à un costume trop grand, trop vieux, trop rigide pour moi, mais que je me devais de porter pour avoir « la bonne posture ».

Ce n’était vraiment pas drôle et j’étais presque déçue alors que j’avais envie d’avoir le rôle, mais heureusement ma toute première équipe était superbe et m’a permis de me tromper, de tester, d’apprendre et de grandir avec elle tout en étant moi-même, sans le costume marron gris (dans ma tête il avait cette couleur).

Bien sûr ceci n’est pas possible tout le temps et partout, ça dépend de la structure et de la culture de l’entreprise et c’est pour ça que je crois qu’il ne faut pas lésiner sur la formation et l’accompagnement (coaching ou mentoring) des jeunes managers, car le retour sur investissement est énorme, le défi est de taille, et ce n’est pas seulement résoudre des problèmes !

Du coup c’est quoi ?

Pour moi le rôle du manager est de faire en sorte que l’équipe soit plus que la somme des individus, comme une mosaïque : l’image dépasse les différentes pièces dont elle est composée, mais sans une de ces pièces elle ne serait pas complète. De même pour l’équipe, le/la manager doit veiller à ce que chaque personne puisse exprimer ses savoirs, ses talents, sa singularité au service de ses objectifs individuels, ainsi que de ceux de l’équipe qui ne seront atteints que collectivement.

Le/La manager est donc garant.e du sens et de la vision. En faveur de l’autonomie, il/elle fait progresser à l’échelle de l’individu et à l’échelle de l’équipe. Il/Elle favorise et fait émerger l’intelligence collective pour surmonter les problèmes ensemble. Il/Elle adapte son type de management selon le niveau d’expertise de ses collaborateurs et selon les situations. Il/Elle confronte quand c’est nécessaire, il/elle est soucieu.se.x de créer et maintenir une ambiance de coresponsabilité, co-protection et coordination, il/elle célèbre les réussites et il/elle est authentique.

Quand mon équipe a réussi le challenge de sortir la première version du système d’information d’ekWateur, un fournisseur d’énergie renouvelable, dans un temps raccord** je n’avais aucun doute sur le fait que nous allions y arriver. Pourquoi ? Parce que nous étions portés par une vision, que nous nous faisions confiance, et nous nous sentions responsables. Parce que chacun jouait pleinement son rôle, que je savais que je pouvais compter sur eux et eux sur moi. Parce que nous écoutions et chantions « Eye of the tiger » (ma posture du manager 😊) et que « l'équipe », ce « nous », était une entité à part entière et elle nous portait.

Un.e « bon.ne manager » est un.e passionné.e du collectif, il/elle fait en sorte de créer la place, donner les moyens et laisser grandir son équipe !

C'est un rôle humain avant tout. C’est beaucoup de responsabilité pour un bel objectif. Il faut avoir l’appétence et ça doit être pris sérieusement sinon il ne faut pas y aller.

*Rapport IPSOS 2019

**5 applications en 7 mois à 7 personnes (POs & développeurs)